1000 vies: Guerre et Paix
Y aura-t-il des Patriot à Noël? Biden en Santa Claus, Zelensky content des cadeaux, ce pourrait être une allégorie funèbre de la fête. Mais l’image était si forte, cette semaine en Amérique, elle rappelait Winston Churchill, Noël 1941, venu lui aussi habillé façon paramilitaire pour parler à Roosevelt.
Volodymyr Zelensky est «révélé» par cette guerre, cela au sens spirituel. Ce mélange de gravité et d’humour, de force d’âme et de volonté de liberté définit ce que nous devons désormais appeler un héros. Il faut vraiment être l’un des derniers «poutinolâtres» capitulards construisant une contemporaine cinquième colonne, bien au chaud dans nos salons, pour persister à lui refuser le titre.
Certes, si l’Ukraine finit peu ou prou par l’emporter dans les mois ou années qui viennent, et donc survivre, Zelensky perdra les élections ensuite, comme Churchill dès 1945. Les héros agacent, avec le temps.
L’ingratitude des électeurs soulignera des manquements, on lui ressortira compte offshore par ici, Pandora Papers par là, amis encombrants ou corrompus, on lui reprochera goût du pouvoir ou cabotinage, bref: les aléas de la vie démocratique.
Car l’Ukraine sera dès lors restée cette «démocratie imparfaite», à la façon de bien d’autres, parce que tout n’y est pas transparent ou honnête, pas plus qu’à Bruxelles, Washington, Berne ou Londres. Les temps sont difficiles pour les pays qui croient, citons encore Winston, que «la démocratie est le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres.»
Selon l’institut V-Dem, observatoire de Göteborg, Suède, il n’y a guère que 34 plus ou moins démocraties dans le monde, chiffre le plus bas depuis 1995. Près des trois quarts des habitants de la planète vivent sous la coupe d’autocrates méprisant leur peuple.
C’est pourquoi, au-delà des arrière-pensées géopolitiques et économiques – je ne suis pas naïf – Zelensky défend plus que l’Ukraine. Il nous défend aussi, en Suisse, en Europe. Parce que nous sommes chanceusement parmi les 34 se supposant à l’abri.
Pourtant, cette année, les démocraties ont failli perdre les États-Unis sur coup d’État, ou le Brésil, et bien sûr l’Ukraine. Ne croyez donc pas que notre petit monde soit si sûr, que la commode neutralité qui nous amena jadis à laisser passer les trains nazis ou à ne pas condamner l’apartheid sud-africain soit une protection: nous avons plutôt besoin de Zelensky.
Alors pour Noël, regardez «Bons baisers de Russie» (RTS1, mardi, 16 h 05), si peu de choses ont changé depuis 1963, et la romaine Daniela Bianchi fait très bien l’agente moscovite. Ou relisez «Guerre et Paix», roman qu’appréciait Staline, mais au lieu de faire l’habituelle prière de paix dans le monde, demandez à Papa Noël que l’Ukraine gagne cette guerre devenue forcément un peu la nôtre. Tous mes vœux.
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– Guerre et Paix