Lettre du jour: La pub, une affaire politique?
Avusy, 25 novembre
Le Conseil municipal de la Ville de Genève avait allumé la mèche, celui de Vernier lui a emboîté le pas: selon certains élus, il faudrait bannir tout affichage à but commercial du territoire de la commune! Les arguments? La publicité «stimule le désir de consommation» alors qu’il faudrait «lutter contre la consommation effrénée», «stopper la pollution visuelle» et plus généralement «libérer l’espace public» pour «laisser libre cours à l’expression citoyenne et artistique des habitants»…
À l’origine de cette pensée «politique», une anecdote. À la suite d’un changement de concession publicitaire, la Ville de Genève s’est trouvée vierge de tout affichage durant deux semaines et cela a conduit certains à s’emparer de ces surfaces pour crayonner, sprayer ou peindre leurs messages.
Schématiquement, cette vision a le soutien de la gauche politique, Verts compris, dont un des représentants estime que la publicité «fait souvent la promotion de choses mauvaises pour la santé». Il faudrait préciser: s’agit-il de la voiture, du vin, du sucre? En ce qui concerne le tabac, il y a belle lurette que la publicité est bannie du domaine public.
De l’autre côté, on estime notamment que les collectivités publiques, de plus en plus sollicitées sur le plan social et de leurs équipements notamment, ne peuvent pas s’accommoder de ce manque à gagner. Mais il n’y a pas qu’un argument budgétaire à opposer à cette prétention. La publicité est un des reflets de la vie. C’est aussi une information comparative, livrée à des consommateurs aujourd’hui dûment avertis, qui ne sont pas prêts à se laisser faire, et pas à des idiots qu’il faudrait en permanence protéger contre eux-mêmes.
D’une certaine manière, l’opposition à la publicité sur la voie publique est une mesure dirigée contre l’économie et l’emploi, contre des entreprises, petites et grandes, de tous les secteurs, qui disent ce qu’elles font, comment elles le font. Y compris lorsque c’est en accord total avec les préceptes du moment: on pense notamment à l’affiche qu’un vigneron a posée au bord d’une route communale pour attirer l’attention des passants sur son petit marché de produits locaux. Devrait-il la retirer?
Quant à ceux qui prétendent «couper la poire en deux» en ne faisant interdire que ce qui est jugé «disgracieux», on attend aussi qu’ils donnent des exemples.
Des référendums ont été déposés, tant en Ville de Genève qu’à Vernier. Reste à espérer que le bon peuple refusera de se laisser infantiliser de la sorte!
Didier Fleck
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