Geneve

Genève – L’hébergement d’urgence à l’hôtel repart pour un tour

Publié

Bilan très positif pour l’accueil de SDF dans des hôtels, selon les autorités et les associations. Le dispositif, inédit, est reconduit jusqu’à fin mars 2022.

Le City Hostel Geneva, dans le quartier de Sécheron, est l’un des quatre établissements qui a accueilli des sans-abri, ces dix derniers mois. 

Le City Hostel Geneva, dans le quartier de Sécheron, est l’un des quatre établissements qui a accueilli des sans-abri, ces dix derniers mois.

dra

«Tout le monde est gagnant: les sans-abri, hébergés au chaud avec un encadrement adéquat, et les hôteliers qui ont pu (un peu) compenser leurs pertes liées à la crise du Covid.» Le Canton et le Collectif d’associations pour l’urgence sociale (CausE) ont tiré un bilan «extrêmement positif» de dix mois d’accueil des plus précarisés dans quatre établissements genevois (deux sur chaque rive).

Lancé en décembre 2020, le dispositif devrait se prolonger jusqu’à fin mars prochain – cette fois financé par la Ville de Genève, si le Conseil municipal vote prochainement les 2 millions de budget prévus pour poursuivre l’opération. Celle-ci devrait compter un hôtel de plus et faire passer le nombre de chambres disponibles de 165 à 210, dont les prix ont été négociés entre 65 et 85 francs la nuit.

Un «soulagement» pour les SDF

Jusqu’ici, l’hébergement d’urgence à l’hôtel a accueilli 606 personnes, dont une soixantaine de familles, pour un total de plus de 46’000 nuitées. Encadrés par 23 collaborateurs du CausE, les occupants sont généralement restés trois mois dans les établissements concernés.

Pour la directrice du collectif, Aude Bumbacher, c’est là tout l’avantage du système: «On allie hébergement de longue durée et accompagnement individuel pour des personnes aux profils très différents. Cette solution permet aux plus précaires de ne pas retourner dans la rue la journée, d’avoir plus d’intimité que dans un dortoir PC (ndlr: une partie d’entre eux resteront d’ailleurs fermés cet hiver sauf en cas de grand froid) et d’être plus en sécurité.» La responsable a surtout mis en lumière l’accompagnement offert aux bénéficiaires. «On a pu évaluer la situation de chacun, les aider sur le plan médical, éducatif, psychologique, administratif ou encore travailler sur leur parcours professionnel. Pour eux, cela a été un grand soulagement. Ce temps de pause leur a permis d’aller de l’avant.»

Pas de solution miracle

Ainsi, 20% des personnes hébergées ont retrouvé un logement stable: «C’est plus que ce que l’on avait imaginé», s’est félicité Aude Bumbacher. Mais comme en matière de précarité, il n’existe pas de formule magique, 50% restent aujourd’hui dans des situations transitoires et 30% sont retournées à la rue. «Ce type d’hébergement ne répond pas à tous les besoins, évidemment, mais il évite la «politique du thermomètre», où l’aide n’intervient que par grand froid», a relevé Fabrice Roman, président du CausE. Parallèlement à ce dispositif, le collectif et les autorités ont loué le travail de nombreuses autres associations qui gèrent leurs propres centres d’accueil.

Chargé de la Cohésion sociale, le conseiller d’État Thierry Apothéloz a rappelé que la loi cantonale sur l’aide aux personnes sans abri (LAPSA), votée par le Grand Conseil au sortir de l’été, est entrée en vigueur samedi dernier. Elle fixe les droits des SDF, permet de mieux planifier les efforts en faveur des plus fragiles et définit les compétences en matière d’accueil d’urgence. Celles-ci reviennent exclusivement aux communes, tandis que le Canton assure les soins infirmiers et les consultations ambulatoires. La loi, doublée de l’encadrement propre au dispositif d’hébergement à l’hôtel, va améliorer la situation des sans-abri, a estimé le magistrat socialiste. Reste qu’il y a encore beaucoup à faire «pour briser la honte et la peur de demander une aide à laquelle les plus démunis ont pourtant droit et dont souvent ils ignorent l’existence», a souligné Thierry Apothéloz.

Lire d’autres articles qui concerne Genève

Article d’origine