Geneve

Votations fédérales du 28 novembre – Divergences pour endiguer la pénurie en soins infirmiers

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La Suisse vote le 28 novembre sur le texte «Pour des soins infirmiers forts». «20minutes» vous propose un tour des principaux enjeux de cette votation.

«Avec la situation actuelle, il est presque impossible de maintenir la qualité de soins requise», déplore l’Association suisse des infirmières et infirmiers (ASI). C’est l’une des raisons qui l’ont poussée à lancer l’initiative «Pour des soins infirmiers forts».

Le texte demande à la Confédération de créer des conditions de travail incitant les soignants à rester dans le métier et qu’elle réglemente les salaires, notamment pour éviter les grandes disparités entre cantons et établissements. L’initiative est soutenue par les organisations de médecins, de patients, les grands syndicats, ainsi que par les partis de gauche.

Selon la Convention collective de travail (CTT) du secteur sanitaire parapublic vaudois, en première année, le salaire de base pour une infirmière est de 5298 francs brut par mois, et s’élève à 7400 francs en fin de carrière.

Pénurie record de personnel

Selon les chiffres révélés le mois dernier par la «SonntagsZeitung», 5761 emplois d’infirmiers sont à repourvoir. Un record absolu en terme de pénurie de personnel. L’an dernier, à la même période, ils étaient 4716 et 3626 début 2019. D’après l’entreprise x28, qui a analysé ces données, la situation est due à une surcharge de travail, à l’épuisement et à la frustration du personnel soignant depuis la pandémie. Le risque d’erreurs s’accroit également.

Selon le dernier rapport national sur les soins, 185’600 personnes occupent actuellement des postes d’infirmiers dans des hôpitaux, des maisons de retraite, des maisons de repos et les soins à domicile Spitex. Mais dès 2029, il faudra 222’100 infirmiers pour répondre à la demande, soit près de 40’000 de plus. Et il en faudra autant pour remplacer les préretraités et les retraités. Bien que les cantons forment deux fois plus d’infirmiers qu’il y a dix ans, ceux-ci sont encore trop peu nombreux.

Combattue par contre-projet

Trois ans et demi après le dépôt de l’initiative, un contre-projet indirect a été finalisé par les Chambres en juin dernier. S’il contient l’offensive en matière de formation et la possibilité de remboursement de certaines prestations de soins par les assurances maladie sans ordonnance du médecin, le texte ne fournit en revanche pas des mesures visant à augmenter la dotation en personnel auprès des patients et à améliorer les conditions de travail.

Les associations de prestataires, CURAVIVA Suisse, Aide et soins à domicile Suisse, H+ Les hôpitaux de Suisse, ASPS et Senesuisse estiment qu’il faut donner la préférence au contre-projet, notamment parce que sa mise en œuvre serait immédiate et le but, répondre à la pénurie de personnel qualifié, serait plus vite atteint. Si l’initiative est rejetée et qu’aucun référendum n’aboutit, la Confédération devra ainsi mettre à disposition près d’un milliard de francs pour 8 ans, ce qui entraînera une augmentation du nombre de diplômes de 2700 à 4300 par an.

Depuis début 2020, les infirmiers sont plus autonomes. Après une ordonnance médicale initiale, ces derniers peuvent évaluer eux-mêmes le besoin de soins et fournir les soins de base ou certaines consultations, sans autorisation supplémentaire du médecin.

Selon les résultats de la première vague du sondage «20 minutes/Tamedia», publiés mi-octobre, 82% de la population suisse accepterait le texte qui veut améliorer les conditions de travail des infirmières et infirmiers, tandis que 11% des votants s’y opposeraient. Parmi les partisans de l’initiative, on compte notamment 84% de femmes et 79% d’hommes. À l’échelle des partis politiques, l’écart n’est pas non plus abyssal. Le plus petit soutien vient du PLR (71%) et le plus grand du PS (93%). À noter que 15’474 personnes se sont exprimées lors de ce sondage effectué en ligne du 11 au 12 octobre. La marge d’erreur a été arrêtée à +/- 1,2%.

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