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Genève – Les deux tiers des mineurs en foyer se disent heureux

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Une enquête conduite au sein des foyers genevois montre que les enfants et ados placés sont plutôt satisfaits de leurs conditions de vie.

Plus les placés sont âgés, moins ils sont satisfaits.

Plus les placés sont âgés, moins ils sont satisfaits.

Getty Images/iStockphoto

Le résultat est contre-intuitif. Pourtant, 66% des mineurs placés en foyer se disent «heureux dans leur vie actuelle». Plus précisément, à cette question, 38% ont répondu oui et 28% plutôt oui. Ce constat est le fruit de la première enquête genevoise de satisfaction menée auprès des enfants et des adolescents par la Direction générale de l’Office de l’enfance et de la jeunesse, un organe du Département de l’instruction publique. «On imagine souvent les enfants placés comme des jeunes très malheureux. Or le placement leur offre une sécurité (affective, matérielle, etc.) qui leur permet de se développer dans de meilleures conditions», a commenté le département.

Faire évoluer le dispositif

L’enquête, à laquelle 173 mineurs ont participé, a été menée au printemps 2021 dans 22 foyers. Les résultats serviront à «faire évoluer le dispositif de placements au plus proche de l’intérêt des enfants», a indiqué le DIP. De manière générale, les enfants et adolescents placés se sont déclarés satisfaits par le confort au foyer, les activités, surtout celles en dehors de la structure, et le rôle des professionnels les encadrant, perçus comme «aidants et soutenants». Les aspects les moins appréciés concernent l’ambiance entre jeunes et la vie en communauté. À savoir, règles de vie en commun, cohabitation, vols, drogue et alcool. Fait saillant, mais non expliqué par l’enquête, la satisfaction est moins forte chez les filles et elle baisse avec l’âge.

Ce n’est pas parce que les jeunes se disent heureux que le placement est accepté. La plus grande ombre au tableau concerne la décision de les éloigner du noyau familial, au sujet de laquelle les enfants et adolescents placés disent ressentir de la tristesse à 40% et de la colère à 35%. Autre apparent paradoxe, à la question «Qu’est-ce qui pourrait être fait pour que tu sois plus heureux?» de nombreux sondés ont répondu «Rentrer chez moi», «Être avec mon père et ma mère» ou encore «Partir du foyer».

Une grande partie veut rentrer

Selon le DIP, cela ne signifie pas pour autant que ces mineurs sont malheureux. «Un foyer n’est pas un lieu de vie définitif, et la sortie du foyer est préparée dès le premier jour du placement. Celle-ci peut être synonyme d’une amélioration de la situation familiale d’un jeune ou d’une autonomie gagnée. C’est pourquoi un enfant qui souhaite sortir rapidement n’est pas forcément un enfant insatisfait.»

Avocate spécialisée en droit de la famille, Me Sandy Zaech estime que, si «le taux de 66% de mineurs heureux en foyer paraît énorme, il faut souligner que les éducateurs font leur maximum pour que le placement se passe au mieux». Sa consœur, Me Anne Iseli Dubois, raconte avoir été très surprise, lors de la visite d’un foyer dans le canton de Vaud, de constater la «joie de vivre qui y régnait». D’autres expériences professionnelles, sur Genève cette fois, indiquent que tout n’est pas toujours idyllique. «Des adolescents placés en urgence se sont plaints auprès de moi d’une ambiance compliquée, de harcèlement entre pairs et de vols. Ils ont décrit un foyer dans lequel régnait la loi de la jungle et des éducateurs dépassés.» Les deux femmes de loi relèvent que le plus problématique n’est pas forcément le placement lui-même, mais la procédure qui y mène, «longue et douloureuse». Quant à l’enquête, Me Sandy Zaech se demande si elle n’a pas pour but caché de «justifier les placements en montrant que les mineurs y sont heureux».

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