Geneve

Genève – Urgences 144: top sur le terrain, moins dans les bureaux

Publié

Un audit de la Cour des comptes conclut que la centrale remplit ses missions, mais que sa gouvernance et son organisation doivent être améliorées.

L’an passé, le 144 a traité 126’000 appels d’urgence et organisé 33’195 interventions ambulancières. 

L’an passé, le 144 a traité 126’000 appels d’urgence et organisé 33’195 interventions ambulancières.

TDG

Premier constat, rassurant pour la population: grâce à l’engagement des acteurs qui la composent, la centrale 144 «remplit ses missions, et la prise en charge des appels d’urgence est adéquate». Là où le bât blesse, selon l’audit dévoilé jeudi par la Cour des comptes, c’est en matière de gouvernance et de gestion opérationnelle du dispositif.

Gestion trop floue

Le pilotage, la surveillance et l’implication de la Direction générale de la santé (DGS) auprès de la centrale d’urgence sont insuffisants. «Les rôles ne sont pas assez clairs, même chose pour les responsabilités, notamment en matière de financement des investissements, a listé Sophie Forster Carbonnier, la magistrate qui a conduit l’audit. Cela a abouti à ce que des projets d’importance stratégique ne se fassent pas, ou trop lentement. La DGS n’a pas non plus établi de rapport relatif à la planification des transports sanitaires urgents.»

Un exemple met en lumière ces soucis de pilotage et de coordination. «Les rapports des ambulanciers sur les patients transportés se font encore à la main, alors qu’ils devraient être numérisés, a expliqué Marc Niquille, médecin responsable de la brigade sanitaire cantonale, dont fait partie le 144. Le coût est de 2 millions de francs, mais qui doit demander ce financement et qui est responsable ensuite du dossier?» Pour le patron de la centrale d’urgence, Robert Larribau, le projet est d’importance: «La numérisation des rapports permettrait une meilleure communication des données lorsqu’une personne est hospitalisée, cela faciliterait la consultation des dossiers et nous offrirait des statistiques fiables». Celles-ci font actuellement défaut, alors qu’elles sont nécessaires à l’identification des moyens d’intervention nécessaires, a relevé l’audit.

Audit pas contesté

Pour formaliser et clarifier la gestion du 144, la Cour des comptes a émis douze recommandations, tout en relevant qu’une partie d’entre elles étaient déjà mises en œuvre (la géolocalisation des ambulances, par exemple) ou en préparation. «Nous nous rallions à 100% aux constats du rapport, a déclaré Adrien Bron, directeur général de la Santé. Le dispositif fonctionne, je m’en réjouis, mais il doit encore être amélioré.»

Climat de peur, ambiance «délétère», «autoritarisme» et problèmes de gestion financière, notamment… Le personnel vaudois et neuchâtelois du 144 fustige la direction de la Fondation Urgences Santé (FUS), qui gère la centrale d’appels d’urgence sanitaire des deux cantons. Des collaborateurs estiment aujourd’hui ne plus pouvoir garantir la qualité de leurs missions, a révélé la RTS. Un audit commandé par les autorités vaudoises avait déjà mis en lumière de tels dysfonctionnements, en 2018. Pourtant, les employés estiment que rien n’a changé; la situation aurait même empiré, selon eux. Le directeur de la FUS, Pierre Aubry, a réfuté les critiques, jugées infondées. Selon lui, les appels au 144 sont traités avec rigueur et qualité. Néanmoins, deux nouveaux audits sont en préparation. L’un sur la gouvernance de la fondation, l’autre sur les conditions de travail au sein de la centrale.

Lire d’autres articles qui concerne Genève

Article d’origine