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Genève – Feu vert pour un Cycle d’orientation sans sections

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Le Grand Conseil a voté ce vendredi la réforme du secondaire I voulue par le Département de l’instruction publique.

Le Cycle d’orientation accueille les élèves de 12 à 15 ans.

Le Cycle d’orientation accueille les élèves de 12 à 15 ans.

VQH

La réforme du Cycle d’orientation genevois est en marche. Ce vendredi soir, le Grand Conseil a largement accepté, par 57 Oui contre 31 Non, le projet du Conseil d’Etat. Celui-ci prévoit la fin des sections en 9e et 10e années, soit les deux premières du cursus.

Ces regroupements, jugés stigmatisants par la majorité des députés, seront remplacés par une «mixité intégrée»: des classes hétérogènes, comme à l’école primaire, mais avec des niveaux pour certaines branches (mathématiques et allemand en 9e, auxquelles s’ajouteront le français et l’anglais en 10e). Les sections réapparaîtront en revanche en 11e et dernière année, avec deux voies: l’une mènera aux maturités gymnasiale et professionnelle, l’autre à l’école de culture générale et à l’apprentissage.

«Terminé l’école qui marginalise!»

«Terminé l’école qui marginalise, qui trie les élèves à l’âge de 11 ans, qui les sépare par des murs!, avait plaidé le député socialiste Yuniss Mussa. Il est plus que temps d’en finir avec l’école du XXe siècle, qui catégorise. Vive la mixité!» Selon lui, il s’agira «d’une école à la carte», «plus flexible et plus individualisée» et «qui ne laisse pas de côté».

Il a bénéficié du soutien appuyé du PDC, moins enflammé mais très convaincu. Ses députés se sont en particulier attachés à désamorcer les inquiétudes relatives aux professeurs, dont la minorité jugeait que sans vraie formation à l’enseignement différencié, leur imposer des classes mixtes revenait à les envoyer, eux comme les adolescents, au casse-pipe. «On part du principe que des enseignants avec deux masters ne vont pas y arriver avec dix-huit élèves (ndlr: la future taille des classes)?! Pensez-vous sincèrement qu’ils seront incapables? Nous, au PDC, on leur fait confiance», a plaidé Souheil Sayegh.

L’échec du système actuel

L’argument de l’impréparation du Département de l’instruction publique (DIP) et de la précipitation, avancé par le PLR et notamment sa députée Francine de Planta – «la réforme n’est clairement pas aboutie et il serait irresponsable de l’accepter à marche forcée» – n’a pas pesé lourd face à l’urgence plaidée par ses soutiens. La refonte «est nécessaire, sinon on va dans le mur. Le but est de remettre au travail les élèves, une vertu qui se perd», a ainsi rétorqué Xavier Magnin (PDC) actant, comme la plupart des élus, l’échec de l’actuel Cycle d’orientation. «Le constat accablant est que le système ne fonctionne pas, il renforce les inégalités sociales», a jugé la Verte Katia Leonelli. La conseillère d’Etat socialiste cheffe du DIP, Anne Emery-Torracinta, a elle aussi parlé de fiasco. «Quand vous n’êtes que 4%, 5% ou 6% en R1 (ndlr: la section la moins exigeante, qui accueille à ce jour très peu d’élèves), quelle image avez-vous de vous-mêmes? Comment être enclin à travailler?»

L’ombre du référendum

Malgré l’obstruction systématique du PLR et de l’UDC, qui ont multiplié durant cinq heures les demandes de renvois en commission au grand agacement de leurs pairs – «c’est un blocage parlementaire. Le PLR n’a qu’une ambition, c’est de faire capoter le projet», a dénoncé la rapporteuse de majorité PDC Patricia Bidaux –, l’issue des débats ne faisaient aucun doute; qui plus est depuis que le MCG s’était rallié à l’avis majoritaire. Sa députée Ana Roch a ainsi tonné: «Le PLR souhaite créer des castes, des castes de l’élite, c’est ignoble, c’est honteux.» L’affaire étant entendue et l’heure avancée, les mutins ont fini par baisser pavillon. Mais vu leur opposition farouche, tout indique que la réforme du Cycle devra passer par la case référendum avant d’être définitivement entérinée.

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